encore capable de remuer
l’air étroit
des rues
sans attendre
de consolation
tu n’as plus l’âge
des roses et des oiseaux
et tu n’ arriveras pas
à réparer ton âme
ni la Terre
ni le ciel
maintenant abandonné
tu l’admets
telle une évidence
tatouée
dans les lignes
de ta main
car tu apprends à lire
ce qu’ on n’a pas voulu
t’enseigner
comme on ouvre
ses narines
aux parfuns de juillet
tu es une glaneuse
fouillant
dans les poubelles
et tu recycles
fleurs séchées, bibelots
ou poèmes
mille fois récités
dans les écoles
avant d’être condamnés
à l’oubli
c’ est si vitte effacé
un tableau noir
si fragile, la mémoire
des livres
qui tentent de résister
à toutes les pollutions
tu empruntes aux siècles
anciens
la voix des pendus
implorant la pitié
de leurs fréres humains
mais tu ne crois pas
en ton appel
tu ne crois pas
pouvoir
ébranler les murs
érigés aux quatre coins
de la honte
c’est partout
et tout près
comme une fièvre
sans remède
un acide
qui gruge la raison
on te rend folle
et tu le sais
mais tu préfères ton tourment
à la maladie
des coeurs endurcis
tu apprivoises ton délire
et tu écris
malgré la peur
qu’ on te coupe la main
tu cherches des synonymes
modernes
au mot merci
tu dis compassion
ou bonté
en te dressant
contre la langue létale
qu’ on t’impose
c’ est partout
c’est patience et ruse
qui piratent chaque jour
la tête
comme un réseau
mal protégé