tu souhaiterais parfois
l’amnésie
mais tu choisis
la souffrance
plutôt que de renoncer
à l’inquietude
du monde
le poème ressuscite
des paroles
assassinées
il dépose des oeillets
sur le malheur
afin de le rendre
supportable
le poème est une prière
secrète
une nuit que désire
faire entendre
les opéras du passé
tu chantes faux
et mal et misère
mais tu chantes
car rien ne sert
de larmoyer
même si le siècle s’enfonce
dans la mer
comme un paquebot
éventré
il y a eu des orchestres
capables d’accompagner
leur noyade
il y a eu des désespoirs
qui ont trouvé courage
juusqu’à la fin
tu ne veux pas mourrir
avant la mort
et tu comptes
sur tes doigts
les années qu’ il te reste
en cherchant
de quelle résistence
te réclamer
sinon de la vie
que tu veux user
jusqu’à a la corde
tu reviens
au verbe vouloir
tu le répètes
comme s’il pouvait se montrer
assez bienveillant
pour apaiser tes pleurs
et sans attendre
le moindre secours
tu léves le regord
vers l’esperance de l’aube
et tu l’accueilles
dans ta paume
Note: Les expressions em italiques sont des références au poéme “Balade des pendus” de François Villon.